Boyington est fatigué, il vole tous les jours et il boit beaucoup, avec ses gars ils ont mis au point un punch à base d’alcool médical, de cognac, de citron qui poussent en masse sur l’île et de glace pilée! (voir recette plus haut

La 214 arrive presque au terme de son troisième tour de combat et il ne reste plus que dix jours à Boyington pour battre le record, tout le monde lui en parle et ça lui met la pression, si bien que lors d’un vol ayant de l’huile sur son pare- brise et ne pouvant viser correctement, il s’écarte du combat, défait son harnais monte sur son parachute, ouvre la verrière, debout dans le vent relatif et tente d’essuyer l’huile avec son mouchoir ! En vain ! Il est fou de rage.
Les journalistes aussi lui mettent la pression en lui demandant une interview sur son prochain record, il n’est pas là pour avoir des médailles, mais pour faire une guerre et la gagner !
Marion Carl un pilote décide de lui donner sa chance de battre son record en lui cédant sa mission.
En ce 3 janvier 1944, Boyington décolle de Bougainville avec le capitaine Georges Ashmun comme ailier, en direction de Rabaul.
Arrivé sur site l’Escadron est vite engagé dans le combat, Boyington envoie une rafale sur un chasseur ennemi en approche, le japonais s’extirpe de son appareil en feu.
Georges resté derrière Boyington en couverture, lui crie sa joie à la radio, record égalé !
Ils poursuivent leur combat descendant sur l’ennemi, croyant que l’escadron les suit , mais Boyington et Ashmun restent seuls face à une dizaine de chasseurs japonais, ils effectuent des croisements en ciseaux pour se protéger mutuellement. Georges abat un avion qui pique immédiatement dans la mer et quelques secondes plus tard c’est au tour de Boyington.
Celui-ci se rend compte que l’appareil de son ailier crache de la fumée, le moteur ne tourne plus, il plane, Boyington lui crie dans la radio, de piquer, mais pas de réponse et aucun battements d’ailes !
Boyington grimpe au-dessus des ennemis qui suivent son ailier, il y en a tant qu’il n’utilise pas son viseur électrique, canardant à tout va, un coup de palonnier à droite, puis à gauche. Il se rend vite compte que l’ennemi est derrière lui en entendant les balles qui frappent la plaque blindée dans son dos. L’avion de son ailier explose, plus rien à faire, il faut dégager rapidement, manette des gaz et manche en avant pour piquer, pour redresser juste à la surface de l’eau !
Un demi mille plus loin son réservoir principal prend feu, impossible de reprendre de l’altitude pour pouvoir sauter sans se faire tirer dessus !
Il saisit la poignée du parachute de la main droite, défait sa ceinture de sécurité de la main gauche, mettant les deux pieds sur le manche poussant dessus de toutes ses forces en butée avant.
La verrière s’ouvre, la parachute claque mais pas le temps d’une suspension qu’il rentre violemment dans l’eau, les japonais tournent autour de lui le mitraillant les uns après les autres.
Boyington plonge pour se protéger, mais se fatigue vite, par chance les tirs cessent, les japonais partent, soit à cours de munitions ou le croyant mort !
Boyington reste dans l’eau en attendant la nuit, il ne veut pas mettre en service son radeau pneumatique de peur d’être repéré, sa Mae West est hors d’usage, alors pour moins se fatiguer il se déshabille et enlève ses chaussures ! Il finit par tirer sur le cordon de la bouteille d’air comprimé et le radeau se gonfle, il se hisse à bord et fait le point.
Sa Mea West a plus de deux cent trous, il décide de garder les rustines pour un autre usage !
Boyington est un peu déboussolé et surtout blessé, il ne s’en est pas rendu compte de suite, le cuir chevelu entaillé, son oreille gauche presque arrachée, épaules et bras lacérés avec des morceaux de métal dedans, la cheville gauche déchirée par un tir de 20mm, une balle de 7,7 logée dans son mollet gauche , la chair entaillée au niveau de l’aine par un éclat d’obus !
Il parle tout seul, même à sa montre cassée, qui marque 7 heures 45 le moment du raid , lui disant qu’il à toute la journée pour la réparer !
Il se soigne du mieux qu’il peut avec ce qu’il a sous la main, son radeau dérive vers le sud, ses pensées obsédées par une comptine qu’il ne peut pas se sortir de la tête.